Une histoire d’amour et de désir
Ce film délicat présente une triple originalité. Il traite la perception de Ahmed à l’éveil de l’amour alors que la plupart des films le traite à travers la partenaire féminine. Enfin, les trajectoires d’Ahmed et de Farah sont très différentes même s’ils se rencontrent sur les bancs de la fac de lettres pour étudier. Et le film bouscule les clichés sur la culture arabe en abordant la littérature érotique du XIIème siècle.
La troisième originalité tient au regard féminin posé sur le corps masculin, peu courant au cinéma et même dans l’art en général. Dans sa note d’intention, la réalisatrice précise que le jeune homme, timide, est littéralement submergé par le désir mais qu’il souhaite y résister. Cette résistance rejoint les romantiques pour qui l’amour est une épreuve qui fait mal, mieux vaut donc ne pas y succomber, mais le sublimer. Le film vient alors ici raconter l’éveil à l’amour et la manière d’y succomber, aidé en cela par la jeune Sarah.
Parfois en léger manque de rythme, le film reste gracieux et subtil avec sa mise en scène classique et efficace. La photographie et une musique discrète accompagnent les regards et les corps dans un ballet pudique et délicat qui nous touche.
La cinéaste franco-tunisienne Leyla Bouzid nous livre un film poétique sur l’émancipation à travers l’amour en tentant de répondre à la question : faut-il parler d’amour ou bien faire l’amour ?
Note : 15/20