L’événement
Ce drame nous projette dans la réalité d’une jeune lycéenne, intelligente, belle et pleine d’avenir au début des années 60. A cette époque, souffle un vent de liberté, notamment auprès des jeunes, rassemblés par le rock, les premiers textes revendicatifs et les voyages.
Lorsque Anne tombe enceinte, tout s’écroule pour elle et son avenir semble compromis. Elle effectue alors un long parcours solitaire pour rester l’étudiante qu’elle est et devenir la femme qu’elle souhaite être. Ce parcours, la recherche d’information, les rdv chez des médecins, le spectateur le fait, presque en tête à tête avec l’actrice, la caméra étant très proche d’elle, tout le temps, avec un cadre resserré, ce fameux format 4/3 qui emprisonne ses personnages et rappelle aussi l’époque.
Et le spectateur se sent, comme l’héroïne, impuissant devant l’éloignement progressif des médecins, des parents puis de ses amis et la veulerie des petits copains, sentiment renforcé par le compte à rebours des semaines qui passent et qui amplifient la dramaturgie. Mais ce qui nous a le plus marqué ici, c’est l’extrême solitude de la jeune fille, qui doit affronter seule son chemin de croix, avec une détermination étonnante.
Les silences et les non-dits accompagnent le personnage de Anne par une mise en scène qui la suit sans arrêt, souvent de dos, avec une économie de dialogues dans sa quête de liberté. Alors le reste du monde devient flou.
L’actrice Anamaria Vartolomei est à la fois captivante et mystérieuse, elle dégage une incroyable force intérieure. On sent que chaque plan a été préparé, des scènes de légèreté et douceur à la violence extrême de la douleur ou de la solitude. On en sort sonné !
Le film n’est pas revendicatif, il se contente de décrire les faits et nous rappelle une histoire récente, moins de 60 ans, faite de drames personnels, de solitude et d’inégalités flagrantes face aux soins.
« L’événement » en est la démonstration brute, poignante mais nécessaire.
Note : 16/20