La zone d’intérêt
Voir une famille nombreuse et son personnel s’agiter dans les occupations domestiques et de loisirs semble anodin, mais son contexte le long du mur qui le sépare du camp d’extermination de Auschwitz, en Pologne en 1943 bouleverse complètement sa vision.
Jamais on ne voit ce qui se passe dans le camp, mais le travail sur le son nous le rappelle. On y entend des ordres dans toutes les langues, des hurlements et des coups de feu. Et derrière le mur, les cheminées crachent une lourde fumée noire.
En montrant cet autre autre décor, le réalisateur décrit la Shoah par ce qu’on ne voit pas, et place le spectateur au centre d’un malaise, qui ne le lâche pas. Jour et nuit, un dispositif en plan fixe de caméras à l’image froide et placées dans les bâtiments et jardins filment cette terrifiante banalité. L’interprétation des acteurs, d’une froideur et banalité désarmante, renforcent ce malaise. Ce dernier a été évoqué par l’actrice allemande Sandra Hüller lors d’interviews s’exprimant sur ce sujet.
La juxtaposition de la banalité à l’horreur questionne l’être humain et renforce le devoir de mémoire. Un film terrifiant et malsain, mais le cinéma sert à ça aussi, nous mettre face à l’inconcevable. Une réussite absolue.
Note : 18/20