Saint Omer
La réalisatrice Alice Diop vient du monde du documentaire et cela se remarque dans ce film judiciaire qui s’inspire d’un fait divers et raconte le procès qui a suivi.
Entre documentaire et thriller judiciaire, on évite le racolage et surtout on découvre petit à petit, par petites touches, la personnalité et la vie de l’accusée. Avec une caméra fixe, la mise en scène laisse les visages, les yeux et la parole libre dans une recherche d’une vérité glaçante et vertigineuse.
Loin d’être un film sur l’infanticide, on traite ici de manière intense de l’enfance, de l’adolescence, de la maternité et de la souffrance féminine avec une double lecture, celle de l’accusée et celle de la spectatrice. On en sort meurtri et le film raisonne longtemps après la projection.
Les dialogues, inspirés par les minutes du procès y sont absolument bouleversants, tout autant que ses actrices incarnées, parfois plongées dans un silence étourdissant tout aussi spectaculaire et démonstratif.
Epuré, sec et flamboyant, Saint-Omer ne laisse pas indifférent car il ne porte pas un discours consensuel sur le fond, avec sa mise en scène dense et viscérale. Une réussite absolue, un des plus impressionnant et solide film de l’année 2022.
Note : 17/20.