Eugénie Grandet
L’auteur de « La chambre des officiers » et de l’éblouissant « L’échange des princesses » signe ici avec discrétion une très belle adaptation du célèbre roman de Balzac, matériau littéraire qui régulièrement est traité avec plus ou moins de succès par nos contemporains au cinéma.
On reproche à Marc Dugain son académisme, mais c’est au service d’une histoire, sèche et rugueuse comme l’étaient la vie des petits bourgeois de l’époque. Filmer l’ennui et la monotonie n’est pas simple, la reconstitution est fidèle et belle, comme le sont la trame romantique et la lumière d’hiver des pays de Loire.
Les dialogues sobres et ciselés sont au service de courtes séquences où l’important est montré et dit. Mais cette adaptation est aussi l’occasion de centrer l’histoire sur le sort des femmes de l’époque avec une Eugénie qui ose s’opposer à son père et dont la destinée sera différente de celle du roman écrit en 1833.
Les interprétations sont justes et élégantes, avec un Olivier Gourmet excellent et sobre et la jeune Joséphine Japy solaire et résignée mais se révélant combative et exaltée.
Avec une construction maitrisée et sobre, cette adaptation de Balzac aux couleurs de l’hiver est d’un éblouissement crépusculaire au service d’une très belle langue. il nous donne envie de relire le roman, c’est donc une véritable réussite !
15/20