Boite noire
Le film démarre par une scène d’anthologie extrêmement bien maitrisée : d’abord avec les pilotes dans le cockpit puis avec un long travelling arrière dans l’avion, en présence des passagers, juste avant le crash.
Cette scène montre une excellent maitrise de mise en scène qu’on retrouvera tout au long du film. Ce thriller étouffant est à la limite du drame psychologique grâce au personnage de Mathieu, paranoïaque ambigu et rebelle taiseux, interprété par Pierre Niney, ici tout en nuance. Mais le second personnage du film est « le son », particulièrement travaillé et au service d’une intrigue à tiroirs et de fausses pistes. Allez le voir dans une grande salle, si vous le pouvez !
On retrouve d’ailleurs un peu du « Chant du Loup » de Antonin Baudry, avec l’analyse sous-marine de sons de moteurs des sous-marins, sorti en 2019 et son enquête basée sur leurs interprétations. Ici le travail de documentation est également impressionnant sur la véracité des enquêtes, les process techniques, les enjeux de pouvoir et les intérêts financiers du monde de l’aviation civile.
Le film a obtenu le Prix du Public à Reims Polar 2021, son immersion est totale, et on tremble quand on apprend que le scénario est inspiré de faits réels. Il est aussi très ancré dans notre époque par son approche concrète des scénarios de terrorisme, de la robotisation ou encore des failles technologiques potentielles. Enfin le film pose la question de la place de l’être humain dans cet univers techno froid et aseptisé.
Entre paranoïa, détermination et réalisation soignée, le film au rythme haletant est un véritable plaisir fascinant que les amateurs de suspens se doivent de voir ! Deviendra-t-il un classique du thriller? En tout cas, venez avec vos yeux et vos oreilles !
Note : 16/20