Chers camarades !
Avec son image carrée et son très beau noir et blanc, on est projeté dans cette époque dès les premières images et on découvre une histoire historiquement effacée par le pouvoir de l’époque, signant les heures les plus sombres du communisme soviétique. Mais c’est surtout le portrait d’une femme déchirée qui retient l’attention, formatée à obéir, mais dont les certitudes progressivement se fissurent.
Avec une mise en scène terriblement efficace, à hauteur de cette femme qui va devoir laisser sa fonction de responsable municipale pour partir à la recherche de sa fille gréviste, le réalisateur créé ainsi des enjeux humains forts tout en décrivant la réalité de l’époque. Tout est brillamment écrit, mais aussi brillamment mis en scène.
Cette recherche se fait d’une manière subtile, avec l’aide d’un officier du KGB, exploitant la réalité historique de l’animosité entre les services secrets et l’armée. Essentiellement constitué de plans fixes esthétiques, le format carré de l’image enferme les personnages et les acteurs livrent tous une prestation impeccable et convaincante, notamment l’héroïne à la fois glaciale et passionnée, mais d’une détermination sans faille.
Avec son titre provocateur, « Chers camarades ! » est plus qu’un rappel d’une vérité historique, c’est une déflagration de sentiments liés à la faiblesse de l’homme face à son destin, mais aussi une promesse d’espoir comme une lumière qui surgit de la nuit.
Note : 16/20