Melancholia
Comme la plupart des films de Lars Von Trier, l’ambiguité est immédiate. On lui reconnait un certain sens de la mise en scène, avec notamment, dans la toute première partie du film, de belles scènes allégoriques, soulignées par la musique de Wagner, affichant un romantisme désespéré, mais aussi un récit décousu et une caméra fatigante, comme toujours car sans cesse en mouvement.
Le récit est découpé en 3 parties, l’introduction allégorique, et une partie pour chacune des 2 soeurs.
Celle de Justine, reste ennuyeuse, notamment dans la description d’un personnage dépressif, qu’une caméra hésitante suit lors de la soirée et la nuit du mariage, des règlements de compte familiaux « à la Festen », sans fil directeur et sans objectif qu’une succession d’actes désordonnés et sans significations.
Kirsten Dunst campe ici néanmoins magistralement un personnage imprévisible, lunaire et misanthrope.
La seconde partie, celle de Claire est plus intéressante car le récit s’accélère, les relations entre les personnages s’étoffent et la dramaturgie s’installe.
Evoquer la fin du monde d’une manière aussi peu spectaculaire (au sens hollywoodien du terme) est la principale originalité de cette création et sa réussite. Centrée uniquement sur la famille, on observe la réaction des personnages face à un évènement extraordinaire et fatal.
Bien évidemment, ce sont les personnages les plus à l’aise dans la « vie normale » qui auront le plus de difficultés à accepter l’inacceptable.
Un film ambigu, torturé, romantique et sombre (l’amour y est totalement absent), mais aussi un film agaçant qui ne devrait pas vous laisser indifférent.
Note : 14/20
Une ballade presque sereine sur le thème de l’apocalypse
Melancholia de Lars von Trier
Menuet fatal
Le traitement de la fin du monde par Lars von Trier ne laisse pas indifférent. S’éloignant des blockbusters, il traite le sujet en lui donnant le goût d’une fable poétique et dramatique.
Après une introduction exhalant un romantisme teinté de morbide, l’humeur de notre héroïne, Kirsten Dunst, se délite au fur et à mesure que la menace se précise. Elle tente bien de donner le change devant les invités de son propre mariage mais finalement la dépression la submerge. Le couple naissant n’y résiste pas et le flot de sa douleur emporte le bonheur convenu. La dépression est la plus forte comme cette planète, Melancholia, qui exécute un dangereux pas de deux avec la terre.
Mais la terre n’est pas la seule victime, la raison aussi sort vaincue de ce menuet. Le gendre, scientifique aux certitudes bien campées, et qui incarne ici la raison, fini par être vaincu dans cette danse lascive entre les planètes. L’intuition de sa belle-sœur est bien plus clairvoyante que les certitudes du monde scientifique. Il est vrai que le réalisateur fait dire à l’héroïne qu’il n’y a rien attendre de la vie car « ici tout est mauvais ».
Le film est subtilement rythmé par un montage prenant le partie d’une caméra alternant des plans fixes ou à l’épaule, suggérant la quiétude ou la menace.
Dans ce monde ou les faux semblants alternent avec le désespoir, le malheur comme le bonheur bégaient. Le refuge se trouve alors dans le règne du monde animal, incarné par des chevaux, qui a l’approche du dénouement final s’apaisent, et dans la nature – apparemment paisible – mais tout aussi inquiétante. On peut évidemment être gêné par le nihilisme apocalyptique de l’auteur. Ame sensible s’abstenir.
L’attitude de la mariée, « insensée » aux yeux de notre scientifique, préfigure en fait le destin de tous. En nous confrontant à l’expérience d’une mort certaine, il fait appel à notre humanité, et nous invite à livrer les clés de la vie.
Mais pour Lars von Trier, il semble qu’elle n’ait pas d’issue, au final : le manoir est un linceul d’où personne ne peut s’échapper (ni à cheval ni en voiture). Malgré quelques sursauts, la fatalité d’un destin tragique domine. Et dans le plan final, à la beauté cruelle et frappante, il finit d’achever sa démonstration d’un cinéma dans la pleine puissance de ses moyens et dans le constat désabusé du monde. Beau film à la beauté vénéneuse.
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Melancholia
Date de sortie cinéma : 10 août 2011
Réalisé par Lars von Trier
Avec John Hurt, Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg
Long-métrage français, danois, suédois, allemand.
Genre : Science-fiction, Drame
Durée : 02h10min
Prix d’interprétation féminine : Festival de Cannes 2011
Synopsis : À l’occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans la maison de la soeur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre…